RSS
 

Hans Jonas : Générations futures et populations actuellement damnées – Des solutions pratiques pour développer notre responsabilité

13 Sep

Hans Jonas - Principe responsabilitéLes pôles de contestation du système de fonctionnement économique de nos sociétés, qu’il s’agisse d’organisations ou d’associations, sont de plus en plus présents sur la scène publique. Nous ne pouvons que nous réjouir de cela et de toutes les entreprises humaines qui ont pour but d’améliorer les conditions de la vie humaine et qui adoptent une attitude responsable. Cependant, la mobilisation en faveur des populations en détresse et des générations futures est loin d’être générale dans nos sociétés capitalistes. Nous nous interrogerons donc sur les moyens qui peuvent permettent à nos sociétés de se mobiliser davantage et d’adopter une attitude critique à l’égard de leur propre mode d’existence.

Mais avant cela, nous dresserons une liste de mesures politiques nécessaires pour préserver les générations à venir et venir en aide aux générations damnées. Etant donné la complexité des problèmes abordés, nous ne prétendons pas être exhaustifs. Cependant, il nous semble important de nous interroger sur les alternatives possibles au libéralisme tel que nous le connaissons actuellement.

En ce qui concerne le premier problème que nous avons abordé, la menace technologique, les solutions sont nombreuses. Nous pouvons par exemple penser que des mesures politiques de restriction, notamment en ce qui concerne l’offre de produits technologiques et donc polluants, sont nécessaires. Il est évident que nous ne pouvons pas totalement revenir en arrière et nous passer totalement des technologies. Dans le domaine de la santé notamment, les progrès technologiques doivent continuer car de nombreuses vies humaines en dépendent désormais.

Cependant, de nombreux objets issus des technosciences servent « seulement » au divertissement et à l’amélioration du confort de vie d’une partie de l’humanité. Si, en soi, le loisir et le bien-être matériel ne sont pas des fins humaines condamnables, nous pouvons cependant questionner leur légitimité en fonction de leurs conséquences. Nous avons vu les conséquences écologiques d’une utilisation par des millions de personnes d’objets tels que des voitures, des ordinateurs, des caméscopes ou encore des téléphones portables : si chaque habitant de la planète possédait ces objets, l’humanité se menacerait elle-même, ce qui contrevient à l’obligation objective d’exister de l’homme.

Une politique responsable doit permettre à l’homme de vivre comme il le veut, d’être libre. Mais cette liberté ne doit pas être irresponsable. Si la conduite collective met en jeu l’existence des hommes futurs, l’homme politique doit alors prendre des mesures pour permettre le meilleur bien-être présent sans mettre en jeu notre futur.

La préservation de l’humanité future ne peut passer que par un abaissement de nos consommations d’énergie, c’est-à-dire par une moindre utilisation des technologies et donc par un abaissement de nos conditions de vie. Nous pouvons penser que cette réduction des consommations énergétiques apparaîtra petit à petit comme une évidence pour la conscience collective et que les hommes au mode de vie confortable modifieront d’eux-mêmes, dans l’ensemble, leurs diverses consommations. Cependant, il serait étonnant que tout homme se rende responsable. Or, il ne s’agit pas de changer les comportements de quelques milliers ou de quelques dizaines de milliers de consommateurs, mais de la majeure partie de la population. Il nous semble donc nécessaire, afin de préserver nos descendants, d’instaurer des limites aux consommateurs eux-mêmes. Il faut être dangereusement optimiste pour partir du principe que tout le monde prendra conscience à temps de la nécessité de consommer autrement. La responsabilité envers les générations futures exige de l’homme politique qu’il délimite la sphère économique, afin que celle-ci ne dépasse les limites de tolérance de la nature, le problème devenant alors d’établir un seuil critique à ne pas dépasser, notamment en ce qui concerne les émissions de gaz carbonique.

Nous défendons ainsi la primauté de la politique sur l’économie. Cette dernière doit normalement être au service de la vie humaine. Elle n’est qu’un moyen au service des fins poursuivies par une communauté politique, « l’économie appartient à l’ordre de l’instrument, fait pour servir ; l’instrument ne peut être porteur de sens ; c’est lui au contraire qui trouve sa signification dans l’utilisation qu’on en fait. » (1). L’économie doit être transcendée par des valeurs qu’elle-même ne peut créer. Ces valeurs sont à rechercher dans les valeurs reconnues par une communauté. Cependant, elles sont également à rechercher dans ce qui transcende les différentes cultures communautaires : notre appartenance à l’humanité. Nous retrouvons ici la complémentarité entre la pensée communautarienne et la pensée jonassienne : les valeurs qui doivent limiter l’économie sont à la fois communautaires, historiques, et mondiales, objectives. Elles doivent avant tout s’ancrer dans une communauté donnée, une communauté politique existante (2), mais elles doivent, en plus, prendre en considération l’obligation objective d’exister de l’humanité.

Mais en défendant ainsi la supériorité du politique sur l’économique, nous nous opposons au concept même d’économie libérale. Le libéralisme est ainsi une « doctrine économique classique prônant la libre entreprise, la libre concurrence et le libre jeu des initiatives individuelles » (3). Si la sphère politique oriente fortement l’économie, celle-ci n’est plus libérale. Mais cette orientation politique est désormais nécessaire, notamment du fait de l’excès de réussite du libéralisme. Un confort moindre et un équipement technologique réduit représentent, bien entendu, un prix important à payer. Mais c’est le prix de la prise en compte de notre descendance et de nos contemporains les plus démunis.

Des mesures politiques de limitation de l’offre technologique et de la course au progrès à laquelle se livrent les entreprises et les industries sont nécessaires si nous voulons léguer notre patrimoine culturel à des descendants et si nous voulons relever les conditions de vie des déshérités, ce qui est écologiquement incompatible avec le maintien de nos modes d’existence.

Il aurait été intéressant d’approfondir cette question du rapport qui doit exister entre la politique et l’économie mais nous nous limitons à conclure cette première ébauche de solution politique à l’utopie technologique en précisant que nous défendons tout simplement l’idée que l’économie doit tenir compte des richesses naturelles dont elle tire profit. L’économie peut rester libérale, mais dans certaines limites, notamment en respectant l’homme et son environnement. Cela signifie entre autre qu’il faut que le respect de l’environnement fasse partie des décisions économiques. Les ressources naturelles qu’exploite le marché ne sont pas illimitées. Il est donc nécessaire de prendre la véritable mesure des biens dont dispose l’humanité et de régler le marché en fonction de ceux-ci : l’économie doit être au service de la vie.

En ce qui concerne le second problème, les trop grandes inégalités et la paupérisation des plus démunis, nous pouvons évoquer plusieurs solutions, sans, encore une fois, prétendre à l’exhaustivité. L’une des mesures politiques qui est de plus en plus discutée au niveau international serait l’annulation de la fameuse dette du tiers monde.

Cette dette des pays en voie de développement a été contractée afin de permettre leur développement. De nombreux créanciers des pays du Nord ont ainsi apporter une « aide » économique aux pays du Sud sous forme de crédits. Si le but poursuivi par les prêts des pays riches vers les pays pauvres, notamment d’Afrique, semble louable au premier abord, nous verrons que l’annulation de la dette contractée à la suite de ces prêts financiers est fortement souhaitable et permettrait de desserrer l’étau qui étrangle certains pays africains.

Depuis plusieurs années, des pays du Sud doivent rembourser chaque année cette fameuse dette qu’ils ont auprès des pays du Nord. Le problème est que cet argent alloué dans le but honorable d’un développement économique a le plus souvent été utilisé à tort et à travers, mais également détourné par les élites des pays pauvres. Les prêts des pays du Nord n’ont donc pas permis la croissance économique escomptée, les coupables se trouvant parfois dans les pays débiteurs eux-mêmes.

Mais si certains pays sont endettés comme ils le sont aujourd’hui, ce n’est pas tant du fait de l’importante somme prêtée que du montant vertigineux des taux d’intérêt. Les pays endettés remboursent annuellement une partie de leur dette mais celle-ci ne diminue toujours pas. Cette relative stabilité de la dette et même, le plus souvent, son augmentation, malgré les remboursements et les efforts des débiteurs, sont ainsi à mettre au compte du trop important taux d’intérêt des prêts qui leur ont été faits. Cette aide aux plus pauvres a permis à certains créanciers de gagner des quantités considérables d’argent sur le dos de personnes qui, de tout manière, avait besoin d’une aide extérieure, quel qu’en soit le prix à payer. D’un autre coté, comme nous l’avons évoqué, ces prêts ont également bénéficié à certains dirigeants politiques africains et aux élites locales.

Le problème est de savoir, étant donné les véritables bénéficiaires de ces aides au développement, s’il est bon de conserver un tel système de remboursement. « Les peuples africains ne sont pas responsables de cette dette » (4). Or, les personnes qui paient véritablement le prix de ces prêts aux taux anormalement élevés ne sont-elles pas les populations elles-mêmes ? Il nous semble donc que l’annulation de la dette des pays du tiers monde est nécessaire si nous voulons lutter contre les inégalités, car il est évident que son maintien ne permet pas à certains pays de se développer, demeurant prisonniers d’un remboursement dont ils ne voient jamais le terme.

De nombreuses autres solutions sont également envisageables pour réduire le fossé qui sépare de plus en plus les hommes les plus chanceux des plus démunis. Mais un examen détaillé de chacune d’entre elles nous obligerait à outrepasser les limites que nous nous sommes ici données. Nous décidons ainsi, arbitrairement il est vrai, de conclure notre analyse des solutions politiques envisageables par une proposition intéressante qu’offre René Passet dans L’illusion néo-libérale.

Celui-ci défend l’idée d’un « revenu minimum garanti », c’est-à-dire qu’il pense que tout homme, ayant ou non un emploi, doit bénéficier d’un revenu minimal lui permettant d’assurer sa vie. Ce revenu minimum, permettant à chacun de vivre, n’est pas une invention de Passet et peut être retrouvé, par exemple, dans la pensée libérale elle-même (5). Ce revenu permettrait de venir corriger les défauts de notre système social, notamment en luttant contre l’exclusion des gens qui n’ont pas de travail.

Cependant, nous pourrions penser que l’instauration d’un tel système inciterait les bénéficiaires à ne pas travailler, ayant déjà de quoi vivre. En ce sens, nous ne pourrions que nous élever contre le « revenu minimum garanti » que nous propose Passet.

Mais ce que ce dernier propose, c’est certes un tel revenu pour tous les citoyens, mais cumulable avec le revenu (alors réduit) d’un travail. Ainsi, le revenu minimum permettrait aux plus pauvres d’assurer leurs besoins vitaux, de ne pas les laisser mourir de faim, de froid ou de maladie, tout en n’étant pas trop élevé, pour inciter les citoyens à travailler afin d’assouvir leurs désirs propres, particuliers. Un tel système permettrait donc à chacun de pouvoir vivre et de supprimer l’opposition duelle entre les hommes qui ont droit au travail et ceux qui ne peuvent, parfois indépendamment de leur volonté, accéder eu monde du travail : « Au lieu de la dichotomie actuelle entre ceux qui possèdent un emploi et ceux qui en sont privés, une gradation s’établit entre ceux qui choisissent de ne pas travailler, ceux qui travaillent à temps partiel, ceux qui s’occupent à plein temps et ceux qui s’occupent librement au-delà. » (6). Les inégalités ne seraient donc pas supprimées, mais progressivement nivelées.

Quoi qu’il en soit de la faisabilité (7) d’une telle mesure sociale, elle nous semble tout au moins souhaitable.

Nous avons donc vu que parmi les nombreuses mesures politiques qui peuvent être prises pour préserver l’humanité future d’une catastrophe écologique et l’humanité actuelle de maux tels que la famine et les épidémies, se trouvent une relative (car il s’agit seulement d’assigner des frontières écologiques au marché) réappropriation de l’économie par la sphère politique, la suppression de la dette qui étouffe le tiers monde ainsi que la proposition séduisante d’un revenu citoyen minimum. Nous aurions pu analyser par ailleurs bien d’autres propositions, comme par exemple la célèbre « taxe Tobin », mais notre but n’était bien évidemment pas de fournir ici le plus large panel possible des solutions envisageables.

Le problème qui nous intéressera désormais jusqu’à la fin sera de savoir comment la conscience commune peut un jour arriver à une réelle et suffisante prise en considération de l’environnement et de l’appauvrissement des plus pauvres. La question sera donc pour nous de savoir par quels moyens nos sociétés, dans leur ensemble, peuvent parvenir à adopter une attitude critique à l’égard du système économique et social dans lequel elles évoluent. Si nous devions résumer notre interrogation par une question unique : comment nos mentalités peuvent-elles profondément changer ?

Diverses organisations et associations jouent déjà, à l’heure actuelle, un rôle important dans la sensibilisation de l’opinion publique. Que ce soit en dénonçant de trop grandes injustices (nous pensons par exemple au combat contre l’esclavage moderne) ou en critiquant les conséquences désastreuses d’un point de vue écologique de notre système, les différentes associations participent à la prise de conscience de certaines personnes. Mais l’effet réduit de ces organisations et associations nous oblige à rechercher d’autres manières de modifier la conscience collective de nos sociétés.

Il nous semble ainsi que le véritable moteur d’une prise de distance face à l’utopie technologique n’est autre que l’éducation. N’est-ce pas à l’école que le citoyen doit apprendre à développer un véritable sens critique, notamment à l’égard de notre système ? Nous défendrons, d’une manière générale, la nécessité de réintroduire les grands principes de la vie dans l’éducation.

Face aux problèmes (pauvreté et pollutions) croissants qu’occasionnent la mondialisation de l’économie et le mode de vie des sociétés économiquement les plus développées, il est nécessaire d’offrir une éducation qui prépare le mieux possible les citoyens à vivre en harmonie avec les autres et avec leur environnement. Cela suppose donc de réformer notre système éducatif actuel.

Celui-ci se caractérise par exemple par une spécialisation de plus en plus poussée et par une séparation des différents savoirs les uns par rapport aux autres. Cette progressive spécialisation, que relève Jonas et, auparavant, Weber, fait que « notre culture forme bien plus d’experts-analystes que d’êtres de synthèse » (8). Or, il nous semble important d’avoir une vue globale des choses, notamment en ce qui concerne les problèmes de pollutions. Il faut donc que les différentes disciplines ne restent pas hermétiques les unes aux autres : nous défendons ainsi la nécessité d’une interdisciplinarité.

Mais d’une manière plus générale, ce sont les principes essentiels du vivant qu’il s’agit d’introduire dans l’éducation de nos enfants. Il s’agit pour nous d’offrir une éducation qui leur permette de vivre en respectant l’environnement et leurs descendants. Cela nécessite par conséquent d’apprendre à chacun de quoi dépend la vie et ce qu’il faut faire et ne pas faire pour préserver nos conditions de vie. Il est fortement souhaitable que n’importe quel individu, à la fin de ses études, ait pris conscience de l’obligation devant laquelle nous sommes de gérer au mieux notre environnement. Si nous voulons que nos enfants préservent la possibilité future d’une existence humaine, il faut leur apprendre le fonctionnement du phénomène de la vie et des chaînes alimentaires : « étant donné que tout s’échange et que peu se dégrade, sinon ce ne serait pas polluant, contaminer un champ d’insecticides ou de désherbants pour surproduire, c’est polluer un bœuf qui s’en repaît, polluer un bœuf c’est polluer un hamburger ou un steack, c’est donc polluer ensuite un corps humain, et nous tuer à petit feu […]. Peu d’enfants qui sortent de l’école l’ont vraiment compris, même pas les futurs biologistes qui arrivent à l’université. » (9). Il faut donc, par exemple, insister davantage sur les équilibres symbiotiques et sur la dépendance de l’homme à l’état de l’environnement.

Finalement, il s’agit de développer l’enseignement de la biologie dès le plus jeune âge, pour tous, afin que les citoyens deviennent vraiment conscients des atteintes que nous pouvons porter à nos conditions de vie. Parallèlement à cette « biologisation » de la formation scolaire, il serait utile de favoriser une attitude critique à l’égard d’un mode de vie trop centré sur le confort et l’acquisition d’objets technologiques. N’oublions pas en effet qu’il en va de l’existence des générations futures et que, faute d’apporter les bons enseignements à nos enfants, le miracle de la conscience et de la responsabilité humaine pourrait retourner dans le néant.

En fait, il s’agit, par l’éducation, de faire prendre conscience aux élèves de la valeur de la vie humaine, notamment telle que Jonas la conçoit. Dans son article « Qu’est-ce que la vie ? », François Jacob précise que la biologie n’interroge aujourd’hui plus la vie : « On s’efforce seulement d’analyser des systèmes vivants, leurs structures, leur fonction, leur histoire. » (10). Il en déduit alors qu’il ne faut pas attendre d’un scientifique qu’il définisse la vie, qu’il nous dise ce qu’elle est. Surtout que, selon Jacob, cela serait inutile étant donné que « chacun de nous sait ce qu’est la vie. Chacun de nous sait combien elle est fragile. Chacun de nous connaît l’infini du possible et la merveilleuse diversité. Chacun de nous sait qu’il n’est pas sur la Terre de bien plus précieux que la vie […] » (11). Il nous semble au contraire que la valeur de la vie n’est pas forcément interrogée par tout le monde et que bien des personnes n’ont pas tirer les conséquences (notamment sur leur mode de vie) de la précarité de la vie. Ce que nous défendons, c’est donc une éducation davantage centrée sur la vie et ses mécanismes, une éducation qui permet à tout un chacun d’accéder aux acquis de la biologie et à une conception de la vie qui rend justice à ce merveilleux phénomène. Nous devons apprendre à nos enfants à mieux respecter la vie que nous-mêmes l’avons fait jusqu’à présent : nous ne devons pas leur transmettre notre résignation, mais l’envie profonde de changer le monde, de préserver le miracle humain partout où il apparaît. Les inégalités et la pauvreté extrême d’un nombre important d’êtres humains ne sont pas une fatalité.

Il ne revient bien sûr pas seulement à l’école de sensibiliser les enfants aux problèmes environnementaux et humanitaires : cette sensibilisation échoit tout autant aux parents qui doivent permettre à l’enfant de s’insérer dans la société et dans le monde. Cependant, que cette prise de conscience soit favorisée par l’éducation scolaire est une nécessité du fait que les parents eux-mêmes doivent avoir été formés, ce qui est loin d’être le cas actuellement.

Outre cette participation de l’éducation à la formation de citoyens du monde responsables, les personnes médiatiques, qu’il s’agisse du milieu intellectuel, artistique ou sportif, ont également un rôle très important à jouer dans la résistance à l’ultra-libéralisme actuel, aux injustices et dégâts écologiques qu’il occasionne. En ce qui concerne le milieu artistique, nous ne défendons évidemment pas l’idée que toute forme d’art doit être engagée mais seulement que c’est l’une des fonctions que l’artiste peut avoir. Toutes ces personnes peuvent influencer l’opinion et les comportements des citoyens. Elles peuvent ainsi aider les citoyens à prendre du recul par rapport à notre mode de vie et à s’intéresser davantage à leur environnement et aux êtres humains qui ne sont pas aussi chanceux, aussi bien lotis qu’eux.

Il est donc important que l’éducation et les personnes médiatiques résistent de plus en plus au système car les futurs citoyens et nos futurs hommes politiques ne sont pas encore nés ou sont encore jeunes. Il nous revient de les éduquer de manière à ce qu’ils prennent conscience que l’avenir de l’humanité, leur avenir, est entre leurs mains et qu’il n’y a aucune fatalité à la misère humaine. « Nos futurs dirigeants prennent en ce moment même leur biberon dans nos chaumières, encore vierges et innocents, devant une télévision et un accès Internet quelconque. Ce qu’ils seront, nous le déterminons, nous le modelons jour après jour en tant que société. Nous véhiculons par les médias, l’école et le système économique les valeurs qu’ils absorbent. » (12). Il est urgent de penser à un autre monde et de montrer qu’un autre monde est possible. Rappelons que l’avenir de l’humanité, ainsi que des millions de vies humaines (en ce qui concerne les damnés de la Terre) dépendent de nous.

Pour conclure, il nous semble que chacun peut participer à la critique de l’utopie technologique et à la construction d’un nouveau monde, plus humain, plus propre. Que ce soit par une pratique artistique, par la participation à des manifestations, par la création d’un site Internet (13), ou par des discussions et des débats, chacun peut ajouter sa pierre à l’édification de notre futur monde et participer à l’évolution de nos mentalités. Le principe responsabilité fait partie de ces pierres dont l’humanité a besoin si elle désire vivre le plus longtemps possible. Il nous semble ainsi que l’éthique jonassienne, en critiquant l’asservissement de l’homme à notre économie moderne et au confort technologique, aborde l’un des problèmes les plus importants que l’humanité devra résoudre au XXIème siècle.

Plan de l’étude de Hans Jonas * :

* Cliquer sur l’un des liens pour accéder au chapitre correspondant.
Voici la version PDF de mon mémoire :

Mémoire consacré à Hans Jonas : responsabilité et utopie technologique

Mémoire consacré à Hans JONAS : Responsabilité et utopie technologique


 
 

Réagissez