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Epictète, Entretiens, III-XIII : la paix intérieure dans le stoïcisme

20 Fév

EpictèteSituation du texte étudié

Le texte dont nous allons entreprendre aujourd’hui l’étude est extrait des Entretiens d’Epictète (III-XIII). Il a pour thème des éléments essentiels de la philosophie d’Epictète et, plus généralement, du stoïcisme, à savoir la tranquillité et l’indépendance.

Introduction

L’objet de ce texte est d’exposer la voie d’accès à la paix et à l’indépendance. Le problème est ainsi de savoir par quel moyen l’homme peut espérer atteindre l’absence de trouble : la paix. L’ordre politique ne suffit-il pas pour assurer la paix des citoyens, par exemple en réglant les relations entre les hommes et en prévenant toute violence ? Cependant, le pouvoir politique semble être tout à fait impuissant vis-à-vis par exemple des aléas de la fortune ou encore des passions des hommes. Dès lors, comment l’homme peut-il espérer être en paix ? La thèse d’Epictète consiste à défendre que seule la philosophie permet d’accéder à la véritable paix et de faire disparaître la possibilité même des maux. Il s’agit donc, pour l’homme, s’il recherche la paix intérieure, de prêter attention à l’enseignement philosophique.

L’argumentation se déplie en trois temps. Epictète commence par faire états des limites et de l’impuissance du pouvoir politique pour apporter la paix à l’homme, notamment en défendant qu’il se heurte aux obstacles de la fortune et des passions de l’homme. A partir de là, sa thèse est avancée : seule la philosophie peut permettre d’accéder à la paix intérieure. Enfin, Epictète en vient à soutenir qu’il n’existe pas de mal pour le philosophe puisque nulle chose ne peut être un obstacle pour le philosophe et, d’autre part, que la mort n’est pas à craindre.

I- Le pouvoir politique ne saurait apporter la paix véritable à l’homme

Epictète défend dans un premier temps que le pouvoir politique ne saurait apporter la véritable paix à l’homme. Il commence par l’antithèse, à savoir par l’exposé de la thèse selon laquelle la pouvoir politique semble « procurer une grande paix », puis montre ensuite que cette paix est finalement restreinte : le pouvoir et l’ordre politique étant impuissants face à la fortune et aux passions ne peuvent permettre d’accéder à la paix véritable.

A première vue, le pouvoir politique, symbolisé dans cet extrait par l’empereur romain tout puissant César, offre une « grande paix ». Le verbe qu’utilise Epictète (« semble« ) fait apparaître d’emblée une prise de distance vis-à-vis précisément de l’étendue de la paix offerte par César. En quoi consiste-t-elle ? L’ordre politique permet la fin des guerres tout d’abord. On peut voir assez clairement en quoi cela est synonyme de paix : ne définit-on pas en un sens la paix comme l’absence de guerre, de conflit. De même, l’ordre politique permet de ne pas être attaqué et dépouillé de ses biens (César met en effet fin à la piraterie et au brigandage) : ici, la paix est synonyme d’absence de violence et de protections des biens. Enfin, la paix apportée par César est aussi étendue à la mer : je peux librement naviguer et ne connais nulle entrave à mon mouvement. Permettant l’absence de conflit, d’atteinte à mes biens et, enfin, à ma liberté de mouvement, l’ordre politique semble bel et bien instaurer la paix. En effet, il semble permettre d’éviter les troubles et les obstacles. Mais l’importance et l’étendue de cette paix vont être fortement relativisées par Epictète.

Ce dernier défend en effet l’impuissance de la politique pour assurer la paix face à deux ordres de choses : la fortune et les passions. L’idée est que la paix qu’apporte le pouvoir politique est une paix extérieure, concernant nos relations extérieures aux hommes. Cette relative absence de troubles extérieurs rend possible une relative absence de troubles, d’agitations de l’âme. Mais l’ordre politique n’étend pas son emprise sur toute chose. La santé de mon corps, par exemple, ne dépend pas des dirigeants politiques : que je tombe malade ou demeure en bonne santé n’est pas sous leur juridiction, ni d’ailleurs sous la mienne. Or, la « fièvre », c’est-à-dire la maladie corporelle est ordinairement source de trouble pour l’homme. On comprend dès lors que César ne puisse pas « nous mettre en paix avec la fièvre ». De même pour le naufrage, l’incendie, les tremblements de terre ou encore la foudre qui sont autant d’événements sur lesquels nous n’avons pas de prise, qui relèvent de la fortune, de la liaison nécessaire de toutes choses, propre au stoïcisme. Or tous ces événements, qui « ne dépendent pas de nous » pour reprendre la première règle du Manuel sont le plus souvent , pour le commun des mortels, source d’agitation, de chagrin, de douleur ou encore de crainte pour l’homme et, en ce sens, éloignent l’homme de la paix intérieure. Le pouvoir politique, puisqu’il n’a pas de prise sur ces choses, ne peut donc pas nous apporter la paix vis-à-vis d’elles : elles relèvent de la fortune. En outre, le pouvoir politique rencontre une deuxième limite : il n’a aucun pouvoir sur nos passions, sources de troubles pour l’homme. César ne peut pas faire que je n’éprouve pas de jalousie si je suis jaloux, ou faire disparaître mon chagrin. Puisque César est impuissant face à ce qu’éprouve l’homme, il ne peut pas lui permettre de paix relativement à ses passions. Par conséquent, la paix qu’apporte César est simplement extérieure et surtout relative puisque ne permettant pas de maîtriser ce qui, de fait, ne dépend pas de nous, c’est-à-dire n’est pas sous notre pouvoir, ou de maîtriser nos passions : la pouvoir politique n’apporte pas le calme intérieur, la paix de l’âme. Il ne s’agit donc pas d’entendre la paix comme absence de conflits extérieurs ou obstacles extérieurs, mais comme absence de troubles de l’âme, donc comme paix intérieure (comme va le développer Epictète par la suite). Puisque César n’a pas de pouvoir sur des choses qui cependant troublent ordinairement l’homme (même si cette idée ainsi formulée est fausse puisqu’Epictète pense que ce ne sont pas les choses mais nos idées sur les choses qui nous troublent), il est incapable de fournir à l’homme une véritable paix, c’est-à-dire la paix de l’âme.

Faut-il alors renoncer à toute paix véritable, puisque l’ordre politique est impropre à nous y faire accéder ? N’y-a-til pas une autre voie d’accès à la paix de l’âme ? La thèse d’Epictète est que seule la philosophie peut nous y conduire, ce qu’il va défendre dans le deuxième temps de son argumentation. Il commence par énoncer d’une manière très générale sa thèse : la philosophie promet la paix de l’âme. Puis il précise en quoi consiste cette promesse : l’impassibilité et l’indépendance. Enfin, il évoque l’idée de l’autosuffisance du philosophe.

II- Seule la philosophie permet la paix de l’âme

Nous avons pu voir dans le premier temps que le pouvoir politique n’apporte pas la paix véritable, c’est-à-dire la tranquillité de l’âme face aux aléas de la fortune et nos passions. La thèse d’Epictète consiste à défendre que la philosophie permet d’accéder en ces deux circonstances à l’ataraxie. Lorsqu’Epictète parle de « l’enseignement des philosophes », il faut ici entendre celui des Stoïciens, par exemple son propre enseignement tel qu’il apparaît dans les Entretiens mais aussi dans son Manuel. Quoi qu’il en soit, la philosophie est synonyme de promesse. Ce terme pourrait laisser penser qu’elle peut ne pas être tenue : la suite du texte permet de soutenir par exemple que le manque d’attention aux enseignements stoïciens peut faire manquer la paix de l’âme, mais l’échec de la promesse ne tient pas au stoïcisme lui-même. Epictète a formulé la promesse de la la philosophie : permettre la paix de l’âme face aux événements qui ne dépendent pas de nous et face aux passions. Mais il reste à préciser en quel sens il faut entendre cette paix et comment elle est atteinte. Bref, il s’agit de préciser davantage le contenu de la promesse philosophique, ce qu’Epictète va s’évertuer à faire dans la deuxième partie de ce deuxième temps.

« Que dit-il donc ? » : Epictète interroge l’enseignement de la philosophie. Celle-ci permet à l’homme, en toutes circonstances (« où que vous soyez, quoi que vous fassiez ») de connaître le calme de l’âme et l’absence de contrainte. En effet, l’ataraxie, c’est-à-dire l’absence de trouble de l’âme que promet la philosophie est bel et bien promise par le stoïcisme. Le calme de l’âme est donc le premier élément de l’enseignement stoïcien. Le second évoqué consiste en l’absence d’obstacle et de contrainte. Autrement dit, celui qui suit l’enseignement philosophique ne trouvera dans les choses ou dans les hommes nul obstacle. Comment comprendre cette thèse ? Il faut ici se référer à la distinction-clef qu’opère Epictète, notamment sans sa première règle, entre ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. Seul ce qui dépend de nous, « nos oeuvres propres », c’est-à-dire notre volonté est libre. Nos opinions, notre tendance, c’est-à-dire notre inclination à la vie raisonnable et nos passions, c’est-à-dire nos désirs et nos aversions dépendent de nous : ils dépendent de notre volonté. Ils ne peuvent donc pas rencontrer d’obstacles et restent sous notre plein pouvoir. Tout le reste, c’est-à-dire les biens extérieurs (notre corps, les richesses, le pouvoir..) dépendent d’autrui. Cet « autrui » correspond en fait aux hommes ou Dieu, sous la forme de la liaison nécessaire de toutes choses. Bref, tout le reste est de nature serve, peut rencontrer des obstacles car ne dépend pas de moi, de ma volonté. Sur ce qui ne dépend que de moi, de ma volonté, il ne peut y avoir de contrainte. Dès lors, je peux accéder au calme de l’âme en limitant mon pouvoir par la sphère de ma volonté : je dois prendre conscience que ce que je peux, ce sur quoi j’ai une emprise se limite à mes oeuvres volontaires. On voit ici en quel sens ataraxie et indépendance sont liées et dépendent d’une bonne application du premier (dans l’ordre d’importance) des enseignements d’Epictète : la distinction entre ce qui dépend et ce qui ne dépend pas de nous. Les deux concepts importants que mobilise ici Epictète sont donc l’impassibilité (par opposition à l’agitation de l’affairé) et la liberté. Telles sont donc les deux choses que promet la philosophie : le sage ne voit plus son âme troublée et ne rencontre plus d’obstacle puisque son pouvoir est délimité par sa volonté. Encore une fois, la condition d’accès à ces deux choses est l’attention aux enseignements philosophiques : il faut y consacrer du temps et des efforts, par exemple en abandonnant la recherche de certains biens, tels que le pouvoir ou la richesse. Par cet effort, l’homme peut modifier ses opinions et notamment être indifférent vis-à-vis des idées concernant les choses qui ne dépendent pas de lui.

Epictète distingue alors deux origines en ce qui concerne la paix. La paix civile, concernant les relations des hommes qu’apporte l’ordre politique, a pour origine les dirigeants politiques, c’est-à-dire une origine humaine, en l’occurrence César. Au contraire, la paix de l’âme (l’ataraxie) a une origine divine : elle est « proclamée par Dieu« , le sage y accède par le verbe divin (le logos). Autrement dit, le sage, par son ataraxie, suit sa destination, posée par Dieu, et se rend en ce sens divin, puisque Dieu lui-même est indépendant et non soumis aux troubles. Cet accès au divin passe par l’intermédiaire du langage, de la réflexion s’appuyant sur le logos, dont Dieu a doté les hommes, leur indiquant ainsi leur destination propre, par distinction d’avec le reste du règne animal. Celui qui connaît cette paix d’origine divine est alors, selon Epictète, même s’il en fait une formulation interrogative, autosuffisant : le sage se suffit à lui-même et n’a pas besoin de la défense de l’ordre politique pour être libre et en paix. Bref, la paix véritable dépend de l’homme seul grâce à l’enseignement stoïcien qui est par excellence le moyen d’atteindre l’ataraxie.

Epictète a donc, dans le deuxième temps de son argumentation, défendu l’idée que c’est la philosophie qui permet de procurer la paix à l’homme, celle de l’âme, notamment en appliquant la première règle stoïcienne. De cette manière, l’homme est libre car il ne rencontre plus de contrainte : l’absence de trouble caractérise alors son état. Mais est-ce à dire que nul mal n’existe pour le philosophe ? La mort n’est-elle pas une pierre d’achoppement pour le sage ? Epictète va défendre dans le troisième et dernier temps de son argumentation que le sage ne rencontre aucun mal puisque même le pire des maux, la mort, n’en est pas un.

III- Le sage ne rencontre aucun mal, pas même en la mort

Epictète commence dans ce troisième temps par défendre que nul mal n’existe pour le sage. En effet, celui qui jouit de la paix d’origine divine, c’est-à-dire la paix de l’âme acquise grâce à la philosophie stoïcienne, s’il médite, accède à l’idée qu’aucun mal ne peut lui arriver. Il prend alors pour exemples ce qui au début de son argumentation apparaissait comme des maux : le brigandage et les tremblements de terre. Parvenu à la paix de l’âme, ces choses ne sont plus des maux car ces deux choses ne sont plus des obstacles et des sources de trouble pour l’âme. En effet, elles ne relèvent pas de ma volonté, ne sont donc pas sous mon pouvoir : elles ne sont rien pour moi. On retrouve ici l’idée qu’Epictète développe à la fin de la première règle du Manuel : il faut dissocier l’idée de ce dont elle est l’idée, puis examiner cette idée, notamment à la lumière de la première règle. Si cette idée se rapporte à des choses qui ne dépendent pas de nous, il faut lui être indifférent. Non philosophe, je peux craindre les brigands et les tremblements de terre par exemple. Mais la philosophie, notamment la première règle d’Epictète, nous invite à prendre conscience que ces choses ne dépendent pas de nous et, par conséquent, que les idées pénibles qu’elles pourraient susciter en nous ne sont en fin de compte rien pour nous. Elles ne se rapportent en effet pas à ce qui nous est vraiment propre, c’est-à-dire le domaine de notre volonté. Rien de ce qui ne dépend pas de l’homme n’est pour lui un mal : Epictète place les bien au coeur même de l’homme. Dès lors, le sage ne connaît que la paix et le calme : « tout est plein de paix et de tranquillité ». Le sage entretient en ce sens un rapport serein au monde et aux choses puisqu’il ne peut rencontrer ni obstacle ni mal. Ce qui, aux yeux du non philosophe est un mal lui apparaît tel parce qu’il ne distingue pas ce qui dépend ou non de lui et prend, par exemple, pour propre à lui ou libre ce qui dépend d’autrui et est serf. La claire distinction proposée par la première règle fait disparaître tout mal pour le philosophe. Le brigand ou le tremblement de terre existent, mais ils ne sont plus sources de maux pour moi : je suis indifférent aux idées pénibles qu’elles peuvent susciter. Le sage ne rencontre donc plus d’ennemi : on ne peut plus lui faire de tort puisqu’il ne se livre pas à la fortune et à la dépendance d’autrui. Il place ses biens en lui-même, sous la forme de la vertu. La nourriture, les vêtements sont des biens extérieurs qui dépendent d’autrui. Mais mes perceptions et mes notions (le bonheur, la liberté… etc) proviennent d’une autre personne que celles qui me fournissent les autres biens. Cette autre personne doit ici être compris comme étant DIeu, mais aussi dans une certaine mesure le philosophe stoïcien qui permet d’avoir des opinions adéquates à la nature des choses. Quoi qu’il en soit, si je iens à manquer de l’indispensable, c’est-à-dire ici des biens permettant la survie (vêtements et nourriture), Epictète dit sous une forme imagée que ma retraite est sonnée, la porte ouverte. Comment comprendre cette retraite ? Comme le confirmera la suite du texte, il s’agit bien évidemment de la mort. Mais si l’absence de certains biens conduit à la mort, ne sont)ils pas par là-même source de trouble ? L’absence de biens nécessaires à la vie n’est-elle pas un mal ? Et, surtout, ne faut-il pas concevoir la mort comme un mal, le pire de tous, et donc comme source de troubles pour l’âme ?

Pour le stoïcisme, la mort n’est pas un mal. Epictète s’oppose à la doxa, pour laquelle la mort est le pire des maux et la mort est objet de crainte. Il faut tout d’abord noter que la mort abordée dans l’argumentation d’Epictète semble n’être que la mort naturelle (et non le suicide, qui par ailleurs est légitimé et soutenu par le Stoïcisme). Epictète défend que la destination après la vie n’est pas redoutable, n’est pas à craindre. L’homme retourne d’où il provient. En effet, selon Epictète, l’homme est composé des quatre éléments primordiaux : l’eau, la terre, l’air et le feu. Au moment de la mort, les éléments composant l’homme se délient et retrouvent alors leur état naturel. En ce sens, l’homme retourne, quand s’échappe son dernier souffle, là d’où il est issu. La configuration et l’agencement physique qui le caractérisaient de son vivant sont modifiés et non détruit. Ce qui me compose n’est pas soumis à la destruction mais à un retour au même que lui-même. Ce qui, par exemple, en moi était feu retourne au feu. Epictète critique ainsi l’idée d’arrière-monde, d’Hadès que l’on retrouve par exemple chez Platon (Cf. par exemple le mythe d’Er à la fin de la République). Il ne s’agit donc pas de craindre la mort, ce que susciterait par exemple l’idée d’un jugement dernier ou de l’enfer. La mort n’est qu’un retour à ce que l’on était avant d’exister. En ce sens, elle n’est donc pas à craindre, elle n’est pas un mal, encore moins le pire des maux comme le pense à tort le commun des mortels. Puisque la mort elle-même n’est pas un mal, le sage ne peut pas rencontrer de maux. Il ne doit craindre ni sa propre mort, ni celle des autres.

Par conséquent, si l’homme garde à l’esprit cette conception de la mort, si, donc, il voit dans tout ce qui l’entoure ce vers quoi ses proches sont retournés ou retourneront et ce vers quoi lui-même retournera comme dans son lieu naturel, s’il y voit « pleins de dieux et de démons« , bref : s’il voit le monde comme l’oeuvre de Dieu et comme ce d’où tout provient et vers quoi tour retourne, il ne sera en fin de compte pas seul ni sans aide. Il apprendra à distinguer ce qui dépend ou non de lui et à placer ses biens en lui-même comme le veut Dieu. Il trouvera la paix de l’âme et, finalement, ne connaîtra pas de maux, puisque même la mort n’est pas redoutable. Dans le cas de la mort violente, ce n’est finalement pas moi que l’on tue, mais mon corps, qui est une chose qui ne dépend pas de moi : ce ne doit donc pas être une source de trouble. Le problème demeure ici de savoir si quand on tue mon corps on ne me tue pas, ce que je deviens moi-même, c’est-à-dire une partie de moi-même : ma volonté. L’argumentation déployée ici par Epictète n’aborde pas cette question.

Conclusion

Epictète a donc soutenu que seule la philosophie permet d’accéder à la paix véritable, c’est-à-dire à l’ataraxie, ce que ne permet pas le pouvoir politique qui n’offre qu’une paix extérieure et n’a pas de prise sur la fortune et les passions. Si la philosophie n’a pas non plus, à proprement parler, de prise sur la fortune, elle permet néanmoins de modifier nos opinions sur ce qui en dépend. Ainsi, essentiellement par la première règle de la philosophie d’Epictète, qui distingue les choses qui dépendent de nous de celles qui n’en dépendent pas, il est possible pour l’homme d’accéder à la paix intérieure. Car, et c’est l’une des idées essentiellement mises en avant par Epictète, il n’y a pas de mal pour le sage (cette idée reposant notamment sur la distinction entre les idées et ce dont elles sont idées) : même la mort n’est pas à craindre. Rien, donc, ne peut venir troubler l’âme du sage stoïcien qui demeure en toutes circonstances libre et impassible.


 
1 commentaire

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  1. tony

    10 juillet 2011 à 11:30

    il serait intéressant d' »imaginer » la position d’Epictète face au pouvoir politique démocratique à présent ….
    Merci pour votre étude