Introduction
Comme Hans Jonas le précise lui–même dès les premières lignes de Le concept de Dieu après Auschwitz, ce texte constitue un « morceau de théologie franchement spéculative ». Autrement dit, Jonas va se livrer à une réflexion sur le concept de Dieu, et ainsi mettre en avant ses réflexion sur la façon dont on doit concevoir Dieu après l’holocauste : en quoi cette tragédie nous oblige–t–elle particulièrement à modifier le concept que l’on a habituellement de Dieu ?
Se livrant à de telles réflexions théologiques, Jonas, comme il le remarque lui–même, s’oppose par exemple à Kant pour qui nulle théologie rationnelle n’est possible (on ne peut pas connaître Dieu, ce n’est qu’une Idée de la raison) ou encore au positivisme (selon Carnap, les énoncés métaphysiques sont dénués de sens : ce ne sont que des simili–énoncés qui ne font qu’exprimer un Lebensgefühl, c’est–à–dire un sentiment de la vie). Est–ce alors se livrer à l’irrationalisme, aux divagations de la pure et irrationnelle croyance ?
Ce que va faire Jonas n’est en aucun cas un exercice irrationnel, inspiré par sa croyance religieuse, ce n’est pas un un acte de renoncement à la raison et à la rationalité : c’est précisément philosophiquement qu’il va se livrer à une analyse du concept de Dieu.
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